Les papillomavirus humains ou HPV (Human Papilloma Virus) sont de petits virus à ADN très ubiquitaires. On compte actuellement plus de 200 génotypes dont 120 identifiés et séquencés.
Ce sont des virus à tropismes muqueux ou cutanés, responsables de verrues pour ceux à tropismes cutanés, condylomes (verrues génitales), papillomes (tumeur bénigne de la peau), voire de cancers pour les muqueux. Ce sont des virus très résistants dans le milieu extérieur, ce qui influence leur mode de contamination. Les muqueuses concernées par les infections par l’HPV sont génitales (vagin, vulve, grandes lèvres, exo et endocol de l’utérus, pénis), anales et des voies aérodigestives supérieures (principalement l’oropharynx).
Parmi les HPV à tropisme muqueux responsables de lésions précancéreuses ou de cancers, il existe deux catégories de virus : les HPV à bas risque (BR) et à haut risque oncogènes (HR).
Les HPV BR sont essentiellement à l’origine de condylomes génitaux et anaux et des papillomes génitaux, anaux ou laryngés (surtout observés chez l’enfant).
Les HPV HR sont, eux, responsables de :
Si on prend, pour exemple, le cas des cancers du col de l’utérus, qui sont quasiment exclusivement secondaires à une infection HPV, on voit que dans la première année de vie sexuelle, 80% de la population rencontrera au moins un HPV à tropisme muqueux au niveau génital.
Dans plus de 80% des cas, le virus sera éliminé spontanément en 12 à 18 mois maximum.
Pour le reste des femmes (soit 20% de la population), l’infection par l’HPV deviendra chronique et environ 4% de ces femmes développeront un cancer invasif du col de l’utérus après une durée moyenne de 20-25 ans (en général au moins plus de 10 ans).
LES HPV, ET TRÈS MAJORITAIREMENT LES MUQUEUX, SONT À L’ORIGINE DE 4,5 % DE LA TOTALITÉ DES CANCERS DANS LE MONDE et de 30% des cancers liés a une infection.
HOMMES ET FEMMES SONT CONCERNÉS PAR CETTE INFECTION VIRALE ET LES CANCERS POTENTIELS QUI Y SONT LIÉS.
L’infection de la muqueuse génitale par un HPV est l’infection sexuellement transmissible virale la plus fréquente dans la population générale et survient surtout avant l’âge de 30 ans. Elle se transmet par contact, en particulier au cours de rapport sexuel (anal, vaginal et oral), ou au cours de contacts cutanés avec les lésions lors de caresses intimes. Cette infection n’est donc ni une maladie héréditaire, ni une maladie liée à un défaut d’hygiène. Elle concerne aussi bien les hommes que les femmes et la transmission peut se faire de l’homme à la femme et/ou de la femme à l’homme, mais elle peut aussi se faire d’homme à homme et de femme à femme.
Le moment de la contamination se fait le plus souvent au début de la vie sexuelle et ne s’accompagne pas, le plus souvent, de symptôme.
L’utilisation des préservatifs n’entraîne qu’une prévention partielle car la pénétration n’est pas indispensable pour transmettre le virus, l’HPV étant présent sur la peau non recouverte par le préservatif. Les caresses sexuelles suffisent pour qu’il y ait contamination.
Les lésions induites par l’HPV mettent le plus souvent plus de 10 ans à se développer et ne sont donc pas concomitantes au diagnostic de l’infection.
À ce titre, se protéger spécifiquement contre l’HPV au moment du diagnostic de lésions n’est pas nécessaire puisque l’exposition est bien plus ancienne. En revanche, il est nécessaire de se protéger contre un risque d’IST lors des rapports.
Il est maintenant démontré que les infections chroniques par les HPV oncogènes (gène localisé dans un virus ou dans une cellule de l’organisme et favorisant la transformation d’une cellule normale en cellule cancéreuse) sont étroitement liées aux habitudes sexuelles : nombre, type et fréquence des rapports, nombre de partenaires, âge des premiers rapports.
Certaines localisations de cancers HPV induits sont fréquemment associées à certaines spécificités des rapports sexuels (rapports anaux, vaginaux, oraux…).
Chaque année, près de 3000 femmes développent un cancer du col de l’utérus et 1000 femmes en meurent. SON INCIDENCE NE CESSE DE DIMINUER DEPUIS LES ANNÉES 80 GRÂCE AU DÉPISTAGE VOLONTAIRE PAR UN FROTTIS CERVICO-UTÉRIN.
Le cancer du col utérin est un cancer lié à l’HPV dans plus de 90% des cas.
Les principaux facteurs de risque sont la précocité des rapports sexuels, les partenaires multiples, le tabagisme et l’immunodépression. L’âge moyen de survenue est de 51 ans. Les ¾ des cancers diagnostiqués sont retrouvés chez des femmes de moins de 65 ans.
Le cancer du col apparaît plus de 10 ans après l’infection à l‘HPV et le développement de dysplasies (altération d’une muqueuse caractérisée par une modification anormale des cellules à la surface du col), d’où l’importance du dépistage pour le traitement des lésions précancéreuses et la découverte précoce des cancers.
La plupart des cancers du col sont diagnostiqués à un stade précoce grâce à la cytologie (l’étude des cellules isolées). Le traitement repose alors sur la chirurgie qui peut aller de la simple conisation (intervention qui consiste à enlever chirurgicalement, une partie du col de l’utérus) au retrait de l’utérus avec l’ablation chirurgicale de certains ganglions lymphatiques.
La présence de lésions pré-cancéreuses (dysplasies),la longue période séparant l’infection à l‘HPV et le développement du cancer du col utérin ont permis d’envisager un dépistage du col utérin, qui vise à dépister les lésions précancéreuses ou les cancers du col précoces. L’HAS recommande actuellement un frottis cervico-utérin chez les femmes âgées de 25 à 29 ans et elle recommande le test HPV-HR en remplacement de l’examen cytologique pour les femmes de 30 à 65 ans. Le test HPV-HR est réalisé 3 ans après le dernier examen cytologique dont le résultat est normal. Un nouveau test est refait tous les 5 ans, jusqu’à l’âge de 65 ans, dès lors que le résultat du test est négatif.
Le cancer de l’anus est rare et représente moins de 3% des cancers digestifs.
Il survient le plus souvent après 60 ans et concerne plus fréquemment les femmes.
Tout comme pour les cancers du col de l’utérus, le facteur principal est l’infection chronique par l’HPV HR (Haut Risque), responsable de l’apparition de lésions précancéreuses qui, en l’absence de traitement, peuvent évoluer vers un cancer invasif (c’est à dire qu’il peut s’étendre vers d’autres organes). Chez les hommes, bien que ce cancer soit généralement peu fréquent, la population homosexuelle est plus à risque de développer des lésions précancéreuses, et plus particulièrement chez les hommes ayant de multiples partenaires.
En France, il est recommandé d’effectuer un dépistage au sein de la population homosexuelle masculine infectée par le VIH ainsi que chez tous les patients infectés par le VIH (femmes ou hommes) et possédant des antécédents de lésions anogénitales. Il n’existe pas de recommandation pour les hommes ou les femmes ayant de multiples partenaires et n’étant pas infectés par le VIH.
En France, chez les patients infectés par le VIH, le dépistage recommandé est la consultation annuelle chez un gastroentérologue qui réalisera un toucher rectal et une anuscopie. Pour la population générale il n’existe pas de recommandations quant aux modalités de dépistage du HPV au niveau anal. Les patients qui ont eu des condylomes se voient proposer une surveillance régulière pendant 1, 2 ou 5 ans.
Les carcinomes épidermoïdes des voies aérodigestives supérieures (VADS) sont le plus souvent associés à une intoxication alcoolo-tabagique. Dans certaines localisations, en particulier oropharyngées (amygdales (tonsilles), base de langue), les génotypes HR du virus HPV (principalement HPV16 et HPV18) sont parfois les seuls facteurs environnementaux identifiés.
Ces types viro-induits des VADS sont considérés comme étant de meilleur pronostic que ceux secondaires à une intoxication alcoolo-tabagique et présentent une meilleure radio et chimio sensibilité.
Il n’y a pas de dépistage systématique de ces types de cancers. Les tests proposés sont soit un frottis avec brossage amygdalien, soit un bain de bouche ou un prélèvement salivaire. Mais ces techniques ne donnent pas des résultats optimaux et ne sont proposés que dans des protocoles de recherche.
Chez les patients infectés par le VIH, la prévalence de l’infection à l’HPV HR dans les sites anogénitaux est particulièrement élevée (60% chez les femmes et plus de 90% chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes).
Les infections à l’HPV sont volontiers multiples associant plusieurs génotypes viraux oncogènes (gènes dont l’expression favorise la survenue d’un cancer) et la persistance de l’infection est plus fréquente, ce qui favorise la survenue de lésions précancéreuses et cancéreuses.
Ainsi, le cancer épidermoïde invasif de l’anus est le 4ème cancer chez les sujets infectés par le VIH.